“Com’è bello questo piccolo paesaggio
Questi due scogli questi pochi alberi
e poi l’acqua e poi il fiume
com’è bello
Pochissimo rumore un po’ di vento
e molta acqua
E’ un piccolo paesaggio di Bretagna
può stare nel palmo della mano
quando lo si guarda da lontano”
(Jacques Prévert)
Ti tengo in mano, mio paesaggio del cuore.
Prévert, che leggevo da ragazza, su dei tascabili Newton Compton con le copertine dai disegni un po’ psichedelici anni Settanta. Il titolo del primo era proprio il titolo di quegli anni: “Poesie d’amore e di contestazione”. Prévert, che nasce con l’inizio del secolo scorso, nel febbraio del 1900. E quel piccolo paesaggio di Bretagna è il suo, dell’infanzia, delle vacanze d’estate in campagna, nel paese da cui viene il padre. E poi una casa molto bohème, quella di rue du Château a Parigi, dove vive, negli anni Venti, i gloriosi anni Venti parigini, con il pittore Yves Tanguy e Marcel Duhamel. Casa atelier aperta a tutti, dove passano, a volte vivono per un periodo, scrittori e artisti, molti surrealisti: Aragon, Queneau, Giacometti, Breton… Anni di sperimentazioni, Prévert comincia a lavorare per il teatro, per il cinema, scrive canzoni.
E poi c’è questo piccolo paesaggio da tenere in mano, e io sul palmo della mano tengo, come sempre, una piazza con orizzonte di mare: quella di Trieste.
Ecco la poesia in francese:
Comme il est beau ce petit paysage
Ces deux rochers ces quelques arbres
et puis l’eau et puis le rivage
comme il est beau
Très peu de bruit un peu de vent
et beaucoup d’eau
C’est un petit paysage de Bretagne
il peut tenir dans le creux de la main
quand on le regarde de loin
Mais si on s’avance
on ne voit plus rien
on se cogne sur un rocher
ou sur un arbre
on se fait mal c’est malheureux
Il y a des choses qu’on peut toucher de près
d’autres qu’il vaut mieux regarder d’assez loin
mais c’est bien joli tout de même
Et puis avec ça
le rouge des roses rouges et le bleu des bluets
le jaune des soucis le gris des petits gris
toute cette humide et tendre petite sorcellerie
et le rire éclatant de l’oiseau paradis
et ces chinois si gais si tristes et si gentils…
Bien sûr
c’est un paysage de Bretagne
un paysage sans roses roses
sans roses rouges
un paysage gris sans petit gris
un paysage sans chinois sans oiseau paradis
Mais il me plaît ce paysage-là
et je peux bien lui faire cadeau de tout cela
Cela n’a pas d’importance n’est-ce pas
et puis peut être que ça lui plaît
à ce paysage-là
La plus belle fille du monde
ne peut donner que ce qu’elle a
La plus belle fille du monde
je la place aussi dans ce paysage-là
et elle s’y trouve bien
elle l’aime bien
Alors il lui fait de l’ombre
et puis du soleil
dans la mesure de ses moyens
et elle reste là
et moi aussi je reste là
près de cette fille-là
A côté de nous il y a un chien avec un chat
et puis un cheval
et puis un ours brun avec un tambourin
et plusieurs animaux très simples dont j’ai oublié le nom
Il y a aussi la fête
des guirlandes des lumières des lampions
et l’ours brun tape sur son tambourin
et tout le monde dans une danse
tout le monde chante une chanson.